Une vie en quête de lumière
Pierre Soulages, qui aura vécu plus de cent ans, aura consacré sa vie à son œuvre, à la recherche de la lumière et de ses manifestations par le noir. Retour sur la biographie de Pierre Soulages.
Sa vie
Pierre Soulages, né le 24 décembre 1919 à Rodez et mort le 25 octobre 2022 à Nîmes, a marqué l’histoire de l’art par sa quête incessante autour d’une couleur et de sa matière : le noir. Admis aux Beaux-Arts de Paris en 1939, Soulages mets très tôt un terme à ses études, car il juge l’institution trop conservatrice, pour retourner à Rodez. Là, il envisage une carrière d’enseignant, mais la guerre interrompt ses plans. Durant cette période troublée, il cesse de peindre et se cache pour échapper au conflit. Il épouse Colette en 1942, qui restera l’amour de sa vie jusqu’à sa mort.
Sa vie est marquée par son évolution artistique, sa recherche autour du noir et son invention de l’ « outrenoir » en 1979, où lumière et espace naissent dans la géographie même de la matière et de la couleur. Pierre Soulages aura toujours suivi son désir intense et intact de peinture, son perpétuel état de recherche et cette quête de lumière qui en est le fondement.
« J’aime l’autorité du noir. C’est une couleur qui ne transige pas. Une couleur violente mais qui incite pourtant à l’intériorisation. À la fois couleur et non-couleur. Quand la lumière s’y reflète, il la transforme, la transmute. Il ouvre un champ mental qui lui est propre. », Pierre Soulages
Non appartenance à un courant
Son refus d’appartenir à un courant a marqué son œuvre et son évolution. S’il est résolument anti-figuration, il se détache pourtant de toute étiquette, poursuivant son but qui lui est propre est unique. Son rejet de la figuration est total car pour lui un trait, une ligne, tant qu’on voit le passage de la main de l’artiste est figuratif du fait qu’il restitue le mouvement d’un geste, la durée de la main qui le trace ou la durée de l’œil du spectateur. Ses tableaux sont faits de telle manière qu’on en saisi la globalité en un seul coup d’œil.
Soulages valorise les particularités de chaque artiste. Faire alors partie d’un courant donné n’a pas de sens, ça serait reproduire ce que fait l’autre et ne pas suivre ses idées à soi, ses envies et sa manière d’exprimer la peinture.
Ses influences
Soulages est fasciné par l’art romain et l’art préhistorique, notamment par l’utilisation du noir dans ces œuvres anciennes. Bien que superficiellement similaires aux œuvres d’artistes expressionnistes abstraits, les peintures de Soulages sont très différentes dans leur exécution : contrairement à l’approche gestuelle de ses homologues américains, Soulages a délibérément construit ses compositions pour créer un équilibre formel qui lui est propre.
Des peintres comme celles de Cézanne l’ont durablement marqué mais surtout par l’interaction de leurs couleurs avec la lumière. Loin de rejeter la peinture traditionnelle il s’en inspire dans sa recherche, en essentialisant ce qui pour lui compte le plus : la lumière et sa relation avec la couleur. Et quoi de mieux que le noir, anti-couleur absolue, pour souligner la lumière dans les tableaux ?
« La parfaite imperfection du noir, révélée par la peinture de Soulages, est que son essence achevée est l’inachèvement. »
Une évolution artistique cyclique
En 1946, Soulages créa « Brou de noix », une œuvre qui annonçait sa passion pour le noir. Deux ans plus tard, « Verre goudronné » marqua une étape décisive dans son exploration de cette couleur avec la lumière, par l’exploration de nouveaux matériaux. Mais ce n’est qu’en 1979 que Soulages fit sa véritable « découverte » de l’outrenoir, un noir si intense et profond qu’il semblait absorber toute lumière, révélant des textures, des reflets et des profondeurs insoupçonnées. Chaque « découverte » ou évolution annonce un nouveau cycle chez Soulages, qui concentre alors ses recherches autour de cette idée. Chaque nouvelle toile peinte est commencée sans idée d’un résultat, permettant ainsi aux matières utilisées de se révéler par elles-mêmes. Certains de ses travaux se distinguent par leur originalité, notamment son travail pour l’abbaye de Conques, avec la réalisation de nouveaux vitraux où l’utilisation de matériaux spécifiques mettant particulièrement en valeur la lumière extérieure, quelle que soit l’heure. Plus sur ses œuvres =>
Une reconnaissance mondiale
Pierre Soulages est considéré comme l’un des grands artistes français du XXème siècle. De son vivant il fut le premier artiste vivant à être présenté au Palais de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg et a aussi bénéficié d’une immense rétrospective au Louvre pour ses 100 ans. De nombreux musées permettent de découvrir son œuvre et ses recherches, qu’ils soient dédiés uniquement à son œuvre ou non. Soulages laisse derrière lui un héritage artistique monumental, caractérisé par une exploration sans fin de la nuance la plus profonde et la plus complexe qui soit : le noir.
Découvrir les musées et expositions =>
« Ici, c’est un peu nulle part. La noblesse de Soulages, c’est le monde artisanal de Rodez. Il vient du peuple »
Benoit Decron, directeur du musée Soulages à Rodez